Un dernier, poésie
Un dernier
Au détour de mes ballades
Là, sous l’émotion portée
Sous mon sourire lunaire
Et avec ma tête de douleur
Sous ces mots nus et bégayés
De mes lettres sélectionnées
Je dirai mon dernier des derniers
Sur la plage désertée du fou poète.
Là où les sens se cherchent
Où, de mots en phrases
D’adages en paraboles
De proverbes en divinations
D’images aux références sans éloquence
D’approximations chargées de contresens
Mais toujours avec des graines de révolte semées
Je clamerai mon dernier sur la plage de Normandie !
Dépoussiérerai les étendards des espoirs
Redirai ces temps de sagesse voltairiens.
Avec les grâces oubliées de ces printemps emplis de vers libres
Et parfumés de mes lacunes et de mes tristesses
De mes désillusions poétiques.
Là, sous le souffle nu de mes mots emballés
Sous la nudité des sentiments assemblés
Là, ici, là-bas, partout et de nulle part
Là, sous l’appellation maudite
De vers en fleur étalés dans un champ d’injustices
Là où le poète tard né
Et tôt pilonné assiste impuissant à sa mise entre parenthèses
Sans vers embrasés pour le protéger
Sans illustres alexandrins pour le ressusciter à nouveau.
Il s’interroge. Revisite les textes endormis.
Qu’est-ce qu’être poète en ces temps troublés
En ces tournants inondés de signes ambigus ?
Pour ce dernier, mon dernier par lassitude
Ce dernier aux vers sans objet
Aux intentions inavouées
J’entonnerai l’oraison des aubes nouvelles.
Pour moi, pour le poète marginal
Pour ces poésies sans lecteurs et sans libraires
Quelle relève pour demain ?
Un dernier pour des lendemains de gloire
Comment le croire par ces temps aux vers sans porte-parole
Sans tête d’affiche et sans patrie.
Mon dernier sera de feu
Sans embarras, baudelairien
Sans réserve prosaïque
Et sans slam improvisé.
Mon dernier s’écrira dans la rue
Sous les ponts, dans les banlieues
Aux abords de la désolation humaine.
Oui, un dernier sans couleurs et sans façon
Pour le renouveau de la poésie
Pour tous les rêves d’enfant.
Dieudonné naire